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... Pays du Siam ...
20 février 2011

Discipline et Respect (...ou éducation, famille et tradition)

(Photos: https://picasaweb.google.com/115351255837693547560/EcoleThai#)

L’expérience d’enseignement à l’école a été fantastique et je suis très reconnaissante qu’un tel système d’échange par le volontariat existe et que j’ai pu en profiter, même si deux semaines c’était relativement court.

Pendant le temps passé ici j’ai pu avoir un léger aperçu du système d’enseignement thaï ainsi que de l’éducation dans les familles et ici on retrouve un mot d’ordre qui, je trouve, manque de plus en plus dans nos sociétés trop laxistes devant un enfant roi : DISCIPLINE.

L’école         

L’école où j’enseigne est une école à moitié privé (si j’ai bien compris). Elle dispose donc d’une certaine liberté, qui lui permet d’ailleurs de faire appel à des volontaires.

130 élèves, de 3 à 6 ans, fréquentent cette école et sont partagés en 6 classes différentes. J’enseigne 5 cours d’anglais par jour et cela est plutôt difficile parce que : les enseignantes ne parlent pas anglais, les enfants non plus et ils sont trop petits pour savoir lire. Ce que veut dire que je dois leur enseigner des mots en anglais sans avoir de traductrice (donc je peux pratiquement utiliser que des images). Et, en plus, il faut rendre les cours sous forme de jeu parce qu’autrement, les enfants s’ennuient et, au bout de quelques minutes ils ne font plus attention. Donc, un sacré boulot et franchement fatiguant. Mais bon, je fais de mon mieux.

Les enfants sont vraiment adorables : au début plutôt timides, au bout de quelques jours ils vous intègrent complétement dans leur monde et vous invitent à partager leur jeux, vous font des câlins et rigolent avec vous. C’est la première fois que je passe autant de temps proche des petits enfants et c’est franchement beaucoup plus épanouissant que je ne pouvais l’imaginer : de les regarder tous les matins arriver à l’école, jouer, chanter, avec leurs regards innocents et sans souci à fait vibrer des cordes de mon cœur que je croyais inexistantes (peut être que l’instinct maternel existe bien d’après tout ?).

Le début de cours, à 9h du matin, est mon moment préféré : parce que tous les enfants se rassemblent dans la cour de l’école. On commence la journée en chantant l’hymne et en élevant le drapeau… et les enfants sont très fiers de participer à cette cérémonie. S’ensuivent quelques chansons éducatives chorégraphiées (les enfants en raffolent aussi). Et on finit avec un moment de recueil et de prière. Le tout, sous l’œil attentif des enseignantes.

 

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Franchement, je trouve ces moments très importants pour apprendre aux enfants le respect et l’amour de leur pays, mais aussi de certaines règles. Et, dans ce cadre strict, où les enseignants n’ont pas peur de tirer les oreilles des fautifs, les enfants sont finalement plus rassurés et plus épanouis que dans un environnement où ils sont libres de tout faire et où, par conséquent, règne le chaos.

D’ailleurs, la discipline est visible à l’œil nu : enfants et professeurs portent des uniformes. Un autre élément qui sert à gommer les inégalités entre les gosses : riches ou pauvres, à l’école, tout le monde est habillé de la même manière.

Cette manière stricte mais structurante d’éducation se poursuit au collège et au lycée : pour avoir assisté pendant une demi-journée à une exposition organisée dans le lycée où enseigne Ramporon (1000 élèves), on impose le même respect des règles aux grands qu’aux petits. Pour l’exposition, tous les élèves ont aidés leurs professeurs à préparer des stands qui représentent les matières enseignées : ainsi, l’anglais, le sport, la science, les arts manuels et la cuisine, ont tous un stand représentatif. Et le jour de la manifestation, malgré une chaleur de plomb (et franchement c’est la première fois où j’ai cru que j’allais m’évanouir à cause de la chaleur), ils ont tous visité tous les stands et participé aux différentes manifestations proposées.

Je n’arrive toujours pas à comprendre comment ils font pour résister à cette chaleur dans leurs uniformes de coton épais, (chemise blanche et jupe bleu marine pour les filles, chemise blanche et pantalon kaki pour les garçons) : le poudre de talc dont ils s’induisent le corps et le visage doit les aider à maintenir leur peau sèche et ainsi prévenir la déshydratation. Parce que même si je suis fan de chaleur, ici, en Thaïlande, j’ai eu énormément de mal avec le soleil… d’ailleurs j’ai passé la majeure partie de la journée à l’intérieur (soit à l’école soit au salon de massage).

Au-delà de l’habitude, je pense que si les thaïs arrivent à supporter la chaleur et y travailler en y gardant leur corps farouchement couvert, c’est que ces gens, ont un respect des règles, de la traditions et des anciens incroyable.

Vous avez déjà vu des gens s’incliner à chaque passage devant une statue de Louis XIV ou de Charlemagne en France ? Je parie que non ! Eh bien, ici, les gens passent leur temps à faire des « wai » :

- devant tous les sages et les courageux de la nation (leurs statues sont carrément des lieux de culte) ;

- devant tous les portraits du roi (et il y en a à tous les coins de rue !: devant les écoles, les mairies, les hôpitaux…)

- devant tous les gens qu’ils connaissent ou connaissent pas (dans la rue j’ai salué et sourit à des milliers d’inconnus, à en avoir la mâchoire bloquée)

Et ce n’est pas juste un usage, c’est toute la société thaï qui est construite autour du RESPECT : d’abord des autres et ensuite de soi.

La famille

D’ailleurs, il n’y a qu’à rentrer dans une maison pour voir avec quelle profusion les portraits de famille sont exposés dans le salon : ici, la notion de famille est encore très proche de celle d’un clan.Là où en Europe les gens préfèrent ne pas exhiber leur histoire familiale, qui en plus cache souvent des divorces, des querelles, des trahisons et de passions, les thaïs vous « déballent » la leur dès l’entrée dans leur demeure.

Peut-être une des raisons pour laquelle les histoires de famille semblent être plus simples ici, c’est qu’il me semble que les relations « amoureuses » sont dépourvues de passion. La famille thaïe en tant que cellule de base de la société est une cellule fonctionnelle : son objectif est d’assurer le bienêtre de tous ses membres. La recherche du bonheur ou du plaisir personnel est une notion qui semble plutôt marginale, là où nous, « falang », avons placé la recherche de l’épanouissement de soi au centre de nos préoccupations.

D’ailleurs, hommes et femmes thaï ne passent pas beaucoup de temps ensemble et les jeunes couples ne font pas preuve de la profusion de manifestations sentimentales et physiques qui sont « admis » en Europe. Je suis sûre qu’une vieille mamie de Bankwao, téléportée dans un lieu de rencontre des amoureux à Paris, ne comprendrait pas qu’on puisse se comporter ainsi en public. Je ne sais pas si elle le désapprouverait ou l’envierait, en tout cas, l’image des jeunes couples enlacés tendrement serait quelque chose que ne lui parlerait pas. Un peu comme si vous mettiez un pygmée devant de la neige : au début cela ne lui ferait rien puisqu’il ne sait pas ce que c’est. Bien sûr, ensuite, il se roulerait dedans, ferait un bonhomme de neige et peut être du ski et il finirait par l’apprécier ou pas… parce que c’est avec le vécu de l’expérience que se créent des nouvelles habitudes.

Et c’est justement un des principaux « dangers » qui guette la conception thaïe de la famille : l’incroyable nombre de couples mixtes (surtout homme « falang » et femme thaïe) qui existent. Quasi toutes les filles ont ou rêvent d’avoir un « boyfriend » en Europe (et pour la plupart j’ai du mal à croire dans leurs sentiments sincères). Et avec cela arrive la manière européenne d’envisager et de vivre l’amour et la famille, soit un changement radical pour cette société encore ancrée dans ses usages millénaires.

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  • Partie à la rencontre des gens dans les villages de l'Isan en Thailande, je cherche à répondre à une question fondamentale: qu'est ce qui rend les thai heureux? ... et surtout, je cherche à me confronter avec moi même...
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