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... Pays du Siam ...
26 février 2011

MAI PEN RAI...

En lisant les instructions de l’association qui chapote le programme de volontariat auquel j’ai participé, j’ai un peu interprété le « mai pen rai » (« pas de problème ») comme une dictature de la bonne humeur en toute circonstance. Et j’étais persuadée qu’il n’est pas possible à ce que les gens adhèrent sincèrement à un principe qui consiste à être capable de faire un sourire et un wai même à une personne qui vient de jeter ses ordures sur vos chaussures.

Et pourtant… en étant ici j’ai reçu une incroyable leçon de « laissez faire »… parce que le « mai pen rai » des thaïs n’est pas la négation d’un problème, c’est plutôt la capacité de s’adapter à toutes les situations et circonstances et de trouver de solutions à tout inattendu.

Et il est vrai que pour les petits inconvénients de la vie commune la solution la plus simple consiste à sourire et à passer sa route, sans y prêter attention au chauffeur de bus en retard, au tuk tuk trop pressé qui vous pousse, à la chaleur, au voisin qui veut à tout prix vous faire la conversation alors que vous ne parlez pas thaï, etc. Pour les problèmes plus sérieux, les thaïs ont une incroyable capacité à trouver des solutions et à mobiliser tout un réseau afin de parvenir à les résoudre. Là où nous on va essayer de se débrouiller tout seul dans son coin, eux vont appeler cousin, voisin, parrain, pour arriver à trouver une solution qui arrange tout le monde. Et si cela n’est vraiment pas possible alors tant pis, demain est un autre jour et « mai pen rai »…

La capacité des thaïs de travailler en mode « intelligence collective » est d’ailleurs impressionnante et très différente de l’individualisme européen. Et c’est d’ailleurs plus efficace, d’autant que cela marche toujours dans les deux sens : donnant-donnat. Ce qui fait que les gens sont unis entre eux par des incroyables obligations réciproques. Ces liens de solidarité invisibles s’ajoutent aux relations de famille déjà très tentaculaires et renforcent l’unicité de la collectivité.

Donc, il y a peu de choses auxquelles les thaïs accordent le qualificatif grave de « problème ». Et ce n’est pas uniquement la solidarité de laquelle ils font preuve qui les aide mais également leur incroyable capacité à ne vivre que l’instant présent. En tout cas, c’est l’impression que j’ai : même s’ils nourrissent sans doute espoirs et rêves, ils leur attachent moins d’importance que l’instant qu’ils sont juste en train de vivre. Du coup, comme ils espèrent peu, ils ont également peu de risque d’être déçus. Et comme le « ici, maintenant » est plus important que le « demain » ou « l’hier », peu de choses sont capables de perturber le calme des thaïs et leur faire perdre le constant sourire dépeint sur leurs visages…

Cela paraît sans doute plus facile à dire qu’à faire, pourtant, depuis deux semaines, j’ai passé le temps à penser uniquement au présent, sans faire de projection d’avenir ou de flashback… je me suis laisser couler au fil de l’eau et en ainsi faisant j’ai eu plutôt des agréables surprises… parce que lorsqu’on prévoit tout et on calcule tout, il n’y a plus d’espace pour laisser l’imprévu se manifester. Or n’est pas l’accident, la coïncidence, l’inattendu, le destin une partie du divin qui se manifeste dans notre vie ?

Alors… « mai pen rai » et laissez-vous couler doucement sur l’eau du destin…

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  • Partie à la rencontre des gens dans les villages de l'Isan en Thailande, je cherche à répondre à une question fondamentale: qu'est ce qui rend les thai heureux? ... et surtout, je cherche à me confronter avec moi même...
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